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Le 13 mars 2022, alors que je flânais dans le centre de Paris, j'ai remarqué une nuée d'oiseaux (j'ai appris plus tard qu'on nommait cela une murmuration) au dessus de l’Église Saint-Germain L'Auxerrois. Athée presque convaincue, mais poursuiveuse maladive de signes, je suis entrée dans l'édifice à tout petits pas, et comme à chaque fois que me trouve dans une église, j'ai allumé un cierge pour mon grand-père Lulu, en l'invoquant maladroitement. J'ai senti un frisson me perforer la peau, me suis retournée furtivement, et suis tombée nez-à-nez avec l'ombre majestueuse de la statue d'une sainte, étrangement mouvante sur ces murs immobiles depuis plusieurs siècles. Aujourd'hui encore, je me rappelle de l'odeur de la pierre humide mêlé à celle du petit feu des bougies, et de la présence tiède qui me submergeait. Lorsque je suis sortie de l'église, la nuée d'oiseaux se contorsionnait toujours au dessus des toits. Je l'ai photographiée, mais sur l'écran de mon téléphone, je n'avais capturé qu'un amas de minuscules taches allongées, noires sur le gris presque blanc du ciel.

 

Lorsque j'ai développé mon projet d'édition de poésie, alors que je cherchais un nom pour mon association, j'ai immédiatement pensé à mon grand-père, et à ce moment en plein cœur de Paris, entre les pierres humides de cette église dans laquelle je n'étais jamais entrée auparavant. Cette photographie de mauvaise qualité est devenue la base graphique de notre logo. Les petites ombres, c'est en partie cela. Une nuée d'oiseaux dans laquelle on décide de voir un appel, une réminiscence, un signe dont la furtivité nous fait douter.

Au delà des fantômes, au delà des signes qu'on sublime, les petites ombres, c'est aussi la projection du réel, de nos quotidiens minuscules, de nos pensées parfois insaisissables mais bâtisseuses. Je souffre d'un trouble anxieux depuis l'enfance, volumineux et inconfortable ; étudier, guetter, traquer l'ordinaire, ce qui se trame au plus près, voire au dedans, est personnellement ce qui m'enracine au monde et me fait aller. C'est une quête que je poursuis avec pugnacité au quotidien, et souhaite raconter, ou faire raconter.

Dans ce travail, je suis épaulée par Laure, amie indispensable et artiste de talent. Nous sommes joignables à l'adresse mail editionslespetitesombres@gmail.com pour l'édition, grislagune@gmail.com pour la musique. Pour ce qui est des projets d'édition, nous ne pouvons malheureusement publier qu'un ouvrage par an. Vous pouvez nous communiquer vos idées/premiers jets par mail et nous vous ferons un retour sous quelques semaines. Pour information, nous avons choisi de ne collaborer et de ne donner de la visibilité qu'à des artistes femmes ou non binaires.

 

Merci d'être passé·e par ici !

 

Anne

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